En mai 2019 le Collectif des Baltringues était en résidence à Columban pour « Parlez-moi d’amour ».
résidence / Parlez-moi d’amour
En création à Columban en août 2020
Genèse du projet
Il y a 5 ans, nous avons commencé à travailler avec le CHRS de Béthune dans le cadre de la journée contre les violences faîtes aux femmes. L’idée était d’accompagner des victimes de violences dans un parcours urbain construit autour des différents lieux susceptibles de les aider. Les années suivantes, répondant à des demandes communes de Valenciennes, Lille, Etaples ou Le Portel, la déambulation s’étoffe de saynètes, les témoignages de violences conjugales recueillis deviennent inspiration et nous réinventons sans cesse cette intervention devenue hybride. Nous sommes finalement amenés à jouer pour un public plus large et non ciblé.
Puis les mouvements de libération de la parole des femmes, initiés par #BalanceTonPorc et #MeeToo naissent, le débat sur la condition de la femme arrive sur le devant de la scène, les choses bougent, des effets positifs se font ressentir chez les victimes comme chez toutes les femmes. Les chiffres officiels ne suivent pourtant pas, l’inertie de la société est immense et des femmes continuent de mourir sous les coups. Nous prenons alors la mesure de l’impact de nos interventions. Il est possible de contribuer à libérer la parole, tenter d’aider les victimes de violences à faire un premier pas vers la liberté et questionner plus généralement le public sur les relations entre les hommes et les femmes.
Il nous devient primordial de poursuivre sur ce chemin engagé et en 2020 notre parcours urbain devient le spectacle « Parlez-moi d’amour ». Notre souhait est de le jouer partout, tant dans le cadre associatif que dans des festivals de rue. Nous sommes riches de quatre années de rencontres, de témoignages, d’étapes de travail et de remises en question, de lectures, de découvertes musicales et filmographies. Notre dernière étape de travail est la synthèse de ce long parcours. Nous puisons dans notre intimité pour donner vie à celles de nos personnages, sans jugement possible. Toucher à cette ambiguïté qui se vit au sein du couple violent, raconter une grande complexité au travers d’une histoire simple, celle d’une famille, c’est s’interroger sur les relations de pouvoir, de manipulation ou d’humiliation. Cette création est venue nous chercher profondément. Plus qu’un spectacle c’est un témoignage qui touche aux fondements de nos rapports entre humains.
Une histoire de famille
Aujourd’hui, l’idée d’incarner une famille pour ce spectacle est pour nous essentielle car cela nous permet d’imaginer un possible parcours de la violence à travers ses différents membres. Il ne s’agit pas que d’une histoire de couple. Réfléchir à l’origine de cette violence nous conduit inévitablement à envisager une multitude de facteurs, de rouages, de causes, de comportements et d’automatismes. Nous pencher vers l’enfance et les blessures qui marquent à jamais notre corps et notre esprit, c’est refaire ce chemin qui peut mener à tout moment à des comportements extrêmes. Trois femmes, un homme, plusieurs générations, quelques moments de vie dévoilés pour raconter un engrenage. Nous entrons dans l’intimité d’une famille. Leur histoire n’est plus un fait divers lu dans les journaux, nous sommes dans la rue et pourtant nous sommes chez eux, témoins de ce qu’ils vivent.
Du théâtre, de la rue …
Le théâtre c’est du direct. Il y a des corps, des respirations, des voix. Nous ne sommes plus dans les chiffres, ni les statistiques, nous sommes dans la vie. C’est une expérience sans filtres, sans écran, une possibilité d’être touché différemment en tant que témoin immédiat. Le théâtre c’est aussi un rassemblement de gens autour d’une même proposition avec une très belle opportunité de rencontres et d’échanges. C’est un formidable allié pour dénouer les langues. Le théâtre de rue permet d’amener poétiquement le débat sur la place publique. Dans « Parlez-moi d’amour », ce qui se passe derrière les façades des maisons est soudainement dévoilé. C’est la possibilité pour le spectateur de regarder par le trou de la serrure, d’entrer dans l’intime. Il se dégage de la rue quelque chose de terriblement quotidien, c’est un endroit que tout le monde fréquente, où l’on croise de fait des personnes victimes de violences. Dans cet espace public que nous partageons, on peut se sentir soudainement concernés. Nos préjugés peuvent être ébranlés. Nous souhaitons également jouer dans la rue pour toucher le plus grand nombre, faire du bruit et briser ce silence de honte qui entoure les violences conjugales et qui n’a pas lieu d’être.
Le collectif des Baltringues
Le collectif des Baltringues c’est d’abord l’histoire d’une rencontre entre différents individus poussés par un désir identique et irréfrénable : Jouer. Jouer pour travailler, expérimenter et se confronter. Jouer pour goûter, avancer et partager. C’est une énergie de groupe qui ose, transgresse, propose et entraine. En suivant son instinct, le collectif s’est trouvé au plus près des gens, dans des tentatives d’approche du public insensées. Nous aimons aussi le côté connoté du terme «Baltringues», comme un pied de nez à un monde bien rangé, alors qu’au départ, « Baltringue », c’est le nom des monteurs de chapiteau, ce vers quoi nous tendons. Monter un groupe avec le public, un chapiteau humain, dans le plaisir de l’éphémère. C’est aussi une recherche: comment fonctionner dans une totale équité, artistiquement, administrativement et économiquement. C’est le choix de suivre une ligne muable au gré des rencontres et c’est dans cette direction claire que, sans direction, le collectif des Baltringues propose depuis 2007 des spectacles, des impostures, des brigades ou improvisations en rue comme en salle avec toujours plus d’exigences afin de respecter son histoire et son public.
Ecriture: Rosalie De Backer et Stéphanie Vertray / Mise en scène: Création collective / Distribution: Stéphanie Vertray, Marie-Pierre Feringue, Sébastien Peyre et Rosalie De Backer / Création sonore: Antonin Vanneuville et Sébastien Peyre / Graphisme: Jérôme Le Guillou / Photos: Kalimba Mendes / Production: Collectif des Baltringues / Coproduction: Ville de Le Portel.
Soutiens: Maison Folie de Lille Moulins et Wazemmes – Ville d’Etaples – Centre Culturel d’Ath (Be) – Le Printemps Culturel – Columban, Espace de Cultures (BE) – Le Pharos – CHRS La Vie Active Béthune – CCA de La Madeleine – Le Nouveau Lieu.
Contacts
> Si vous le désirez vous pouvez soutenir le spectacle « Parlez-moi d’amour » via ce lien !
www.lesbaltringues.com
Le collectif des Baltringues, 35 rue Vergniaud, 59000 Lille
collectif.baltringues@gmail.com
+33 (0)6 11 28 46 65